11 – Marino Sassi
Lecture de l’extrait du registre de Victor Heidet concernant Marino Sassi. (Témoignage d’Arlette Fougeront, fille de Victor et Anna Heidet) – 2015
Vol d’une mitraillette allemandes par Marino Sassi ((Témoignage d’Arlette Fougeront, fille de Victor et Anna Heidet) – 2015
Marino Sassi tue un collaborateur. (Témoignage d’Arlette Fougeront, fille de Victor et Anna Heidet) – 2015
Marino Sassi quelques heures avant sa mort. (Témoignage d’Arlette Fougeront, fille de Victor et Anna Heidet) – 2015
Une préoccupation, une obsession même pour les soldats de l’ombre : se procurer des armes. Une longue et souvent vaine attente de parachutages.
Le résistant a souvent besoin d’une radio pour recevoir les messages. Ils sont codés et lui indiqueront le lieu et le moment d’un parachutage d’armes par exemple. Les Allemands ont des systèmes de détection des radios qui émettent clandestinement. Le modèle le plus fréquent pèse 7 kg, elle peut être contenue dans une valise ou une boîte. La zone de largage était très éloignée de la ville pour ne pas attirer l’attention des Allemands.
Les opérations clandestines comme l’introduction d’espions, d’agents, de saboteurs ou la réception d’un parachutage ne
peuvent réussir sans un minimum d’information et de communication. Le seul moyen efficace et rapide est la radio qui doit répondre à plusieurs critères importants.
Tout d’abord, l’appareil doit être solide pour résister aux mauvais traitements, être aussi petit que possible pour être aisément transportable et dissimulable dans une valise ou tout autre contenant banal. Il doit pouvoir émettre et recevoir sur de longues distances.
La technologie de l’époque nécessite un gros poste radio, avec beaucoup de puissance pour transmettre sur de longues distances. Le transistor n’a pas encore été inventé, et toutes les radios fonctionnent grâce à des pistons qui se cassent facilement. De plus, les communications sur longue distance exigent de grandes antennes, ce qui n’est pas envisageable dans les opérations clandestines. Les services britanniques et américains vont réfléchir et concevoir des modèles de quelques kilogrammes.
Les messages sont codés. L’émetteur et le récepteur disposent des mêmes blocs de feuilles détachables, avec les informations pour coder el décoder un signal. L’émetteur transmet le numéro de la feuille. Une fois le message envoyé et décodé à l’autre bout, les deux opérateurs détruisent la feuille. Celle méthode est infaillible mais lente, et transmettre un long message expose l’émetteur au danger d’être pisté par une station de radiogoniométrie. Les Allemands en possèdent beaucoup et de bonne qualité. De nombreux opérateurs ont été capturés ainsi.
La complainte du partisan, chanson écrite à Londres en 1943 par Emmanuel d’Astier de la Vigerie sur une musique d’Anna Marly. Interprètée par les Compagnons de la Chanson.
La mitraillette Sten, aussi appelée pistolet-mitrailleur Sten, est lancée en 1941. Elle va marquer l’imaginaire collectif par sa forme caractéristique due à son chargeur en position latérale. Sa rusticité, son maniement aisé et son parachutage aux mouvements de résistance à la fin du conflit en font le symbole de la lutte armée de la Résistance européenne durant la Seconde Guerre mondiale.
Son nom vient de l’association des initiales de ses inventeurs (Shepherd et Turpin) et des deux premières lettres du nom de son fabricant initial (Enfield). Simple à utiliser, aisé à produire et d’un coût modique, le P.-M. Sten est fabriqué, dans ses différentes versions, à près de quatre millions d’exemplaires entre 1941 et 1945.
Inspirée de la MP 40 allemande, la mitraillette Sten se caractérise surtout par sa simplicité de fonctionnement. Elle ne compte que 47 pièces, sa culasse percutante est non calée et sa fabrication par emboutissage permet une production rapide, massive et à faible coût. La Sten est également beaucoup plus léger que les autres pistolets mitrailleurs de l’époque (2,95 kg à vide contre 3,97 pour le MP 40 allemand).
Le P.-M. Sten Mk II apparaît doté d’un bon canon en acier enveloppé d’une chemise perforée sur la moitié de sa longueur, d’un magasin latéral permettant d’obturer l’ouverture en l’absence de chargeur, d’une longue culasse prolongée d’une crosse tubulaire en arceau repliable, d’un pontet protégeant la queue de détente, d’un levier d’armement, d’un sélecteur de tir (coup par coup ou rafales) et d’une bretelle de cuir.
Très efficace à courte portée (surtout jusqu’à 25 m), le P.-M. Sten n’a pas été très populaire auprès des soldats britanniques à cause de son aspect trop rustique, mais aussi pour deux raisons liées à son fonctionnement : d’une part, il peut s’enrayer facilement ; d’autre part, une fois armé, il peut déclencher le tir à l’improviste.
Les Sten sont par contre très populaires auprès des patriotes de la Résistance dans l’Europe occupée par les nazis. Parachutées en nombre, les mitraillettes Sten sont légères et faciles à démonter et à cacher ; elles pouvaient en outre tirer des munitions de 9 mm prises aux Allemands.
Caractéristiques techniques : Poids non chargé : 2,95 kg ; Portée pratique : 50 m ; Chargeur : 32 coups.
Si la Sten n’est pas trop appréciée des soldats britanniques de par son manque total de confort et d’ergonomie, les commandos allemands, pour leur opérations spéciales, comprennent tout de suite le potentiel d’une telle arme, en particulier la version à silencieux.
Le 4 juillet 1942 à Lure, se constitue un groupe de résistants appelé groupe « Camille », groupe « Driant » ou groupe « Mélard » du nom du principal responsable, le secrétaire général de la chambre des métiers de Lure. Jusqu’en octobre 1943, l’activité du groupe porte principalement sur l’aide aux prisonniers évadés et la diffusion de la presse libre.
En mars 1943, un premier maquis est constitué dans le bois du Mont-de-Vannes au lieu-dit « La Belle-Combe ». S’y cachent durant des mois dix-huit réfractaires au STO et de nombreux patriotes traqués par la Gestapo. La Chambre de commerce et d’industrie de Lure est l’épicentre de cet actif groupe de résistance. Ce groupe est rattaché, en octobre 1943, au mouvement de résistance « Défense de la France ». Des équipes de saboteurs se constituent malgré le manque d’explosifs. En mars 1944, en prévision du débarquement des groupes armés sont mis en place. Au total plus de cinq cents hommes sont prêts à prendre les armes. Les actions d’éclat s’enchaînent dès le 15 avril : destruction de camions allemands, de pylônes à haute tension, de câbles téléphoniques, de voies ferrées, de la grue de la gare de Ronchamp. La destruction de l’excavateur des Ballastières de Champagney, le 12 août 1944, gêne énormément l’occupant qui ne peut plus réparer les voies endommagées par les bombardements alliés faute de ballast. Mais, coup dur, le capitaine Nicolas, le chef du groupement, est arrêté puis déporté.
La montée au maquis a lieu le 28 août 1944 sur le site choisi dit de « La Tête du cheval » dans la forêt du sommet du Chérimont. Un espace isolé et difficile d’accès entre Champagney et Etobon. Cet endroit a une valeur stratégique car proche de deux routes à surveiller, la N 19 : Lure-Belfort et la route Lure-Héricourt. Une centaine de maquisards établit un camp, s’organise militairement et se divise en quatre sections. Mais l’encadrement et les armes manquent malgré les promesses de parachutage. Les résistants harcèlent cependant l’ennemi par des escarmouches et des coups de main. Des contacts sont pris avec le maquis d’Etobon tout proche.
Le 18 septembre, aux alentours du village de Magny-D’anigon en Haute Saône, ils sont encerclés un peu par hasard par des soldats allemands venus établir une ligne de résistance à l’arrivée des armées alliées. Les maquisards tentent de fuir, s’engage alors un inégal combat, à un contre vingt. Des résistants meurent en combattant d’autres sont arrêtés, envoyé à la caserne Friederich à Belfort. Certains seront déportés. Le jour même, quarante hommes de 18 à 36 ans sont fusillés contre le mur du cimetière de Magny-Danigon. Vingt jeunes sont amenés vers Belfort. Ils seront exécutés le 26 septembre dans la clairière au lieudit Sur-le-Pertu, à la limite de la commune d’Offemont dans le Territoire de Belfort. Leurs corps ont été découverts par hasard au printemps de 1945 par un agriculteur.