5 – Le commandant de Courson
Les commandos jouent un rôle décisif dans l’attaque de Belfort. Ceux de Provence, un peu novices sont intégrés aux commandos d’Afrique dirigés par l’énergique et charismatique colonel Bouvet.
Le « cirque Bouvet » est le nom imagé donné à une unité d’élite : le 3ème groupement de bataillon de choc composé des commandos d’Afrique et des commandos de Provence au moment de la libération de Belfort.
C’est à l’origine, une unité spéciale de volontaires constituée en Afrique du nord après le débarquement américain de novembre 1942. Cette unité appelée Corps Franc d’Afrique s’illustre en particulier en Tunisie et à Bizerte et après sa dissolution elle devient le Groupe des commandos d’Afrique.
Le colonel Bouvet qui le dirige est célèbre auprès de ses hommes pour ses colères homériques. Ses coups de gueule et son menton en avant lui valent le surnom de « la Galoche » mais il est profondément respecté pour son énergie et sa droiture. Depuis juillet 1943, il commande cette unité nouvelle dont la raison d’être est de « porter le fer et le feu à l’intérieur des lignes ennemies ». Les commandos d’Afrique doivent préparer les offensives de grande envergure en nettoyant et balisant le terrain sur les arrières des Allemands. Ils sont destinés à lancer des coups de main déstabilisateurs et à opérer des missions de reconnaissance. Cette stratégie d’infiltration pleine de risques nécessite audace, courage et détermination. Les commandos d’Afrique ne sont donc composés que de soldats volontaires, sportifs et très entraînés.
Le 17 juin ils participent aux durs combats de l’île d’Elbe puis dans la nuit du 14 au 15 août 1944 ils débarquent en Provence en tête de l’opération Dragoon. Ils prennent le cap Nègre et après de terribles combats, y compris au corps à corps, ils établissent une tête de pont pour le gros des troupes qui débarquera dans la foulée. Ils remplissent même avec audace et courage la « mission impossible » de s’emparer du fort du Coudon au-dessus de Toulon. Mais les pertes sont conséquentes et affectent près du quart des effectifs. Le groupe doit se reconstituer. Les commandos d’Afrique sont alors rejoints par d’anciens résistants issus des maquis de Provence. Les commandos de Provence du commandant de Courson sont intégrés et passent sous l’autorité du colonel Bouvet. Le 13 octobre, les commandos rejoignent le secteur de Cornimont dans les Vosges où ils mènent des combats très durs dans la boue, le froid, la neige contre un ennemi bien retranché et supérieur en nombre. Le 3ème commando y est pratiquement anéanti.
Dans la nuit du 19 au 20 novembre 1944, franchissant le canal de Montbéliard à la Haute-Saône, à l’écluse de Châlonvillars, les commandos s’infiltrent dans le dispositif ennemi pour s’emparer du Fort de Salbert qui domine Belfort au nord-ouest. Le lendemain les commandos d’Afrique sont les premiers à entrer dans Belfort. Le 3eme commando est une nouvelle fois décimé dans les combats du bois d’Arsot. Quarante Commandos d’Afrique, dont six officiers, meurent en combattant pour la libération de Belfort, entre les 20 et 22 novembre.
Les commandos d’Afrique sont ensuite durant plusieurs semaines cantonnés à Giromagny. Le 5 janvier, le GCA devient le 5e bataillon de Choc qui à la fin du mois est engagé en Alsace dans des combats frontaux qui ne correspondent pas à leur mission. Il subit de lourdes pertes à Cernay. De retour à Giromagny on peut les voir s’entraîner sur les lacs de bas-Evette en vue du franchissement du Rhin. Ils quittent définitivement Giromagny en avril et terminent la Seconde guerre mondiale sur le Danube. Le 1er novembre 1945, le groupement des commandos d’Afrique est dissout et refondu. Il va former le 1er régiment d’infanterie de choc aéroporté qui partira se battre en Indochine.
Son insigne : fond bleu, France jaune, voile rouge chargé d’une étoile chérifienne noire liserée de jaune, croissant rouge avec lettres jaunes. Le croissant de l’islam et la voile marquée de l’étoile chrétienne forment une nef symbolisant la vocation aux opérations de débarquement.
Témoignage de Pierre Masson, ancien commando de Provence, libérateur de Valdoie – 2015.
Le plan du colonel Chappuis doit tenir compte de la présence d’un redoutable fossé antichars large de 7 mètres installé à 100 mètres au-delà du canal de la Haute-Saône. Au groupe des commandos d’Afrique de Bouvet, il demande de franchir dans la nuit du 19 novembre ce canal et de s’emparer du fort du Salbert. Le 20 novembre vers 1h30, 1 200 hommes des commandos d’Afrique et de Provence, descendent de Chalonvillars, franchissent le canal de la Haute Saône sur une passerelle de fortune puis montent silencieusement en direction du fort du Salbert en s’infiltrant sur une dizaine de kilomètres à travers les lignes ennemies. L’ouvrage est vide, les Allemands se sont repliés. Les commandos s’y installent en attendant l’ordre de descendre sur Belfort lorsque les blindés franchiront le canal.
La libération de Belfort, Alsace Actualités, 1966 (sources : INA)
Le 50ème anniversaire de la libération de Belfort, Journal Télévisé Franche-Comté, 1994. (sources : INA)
Témoignages de Pierre Masson, ancien commando de Provence, libérateur de Valdoie – 2015
–> son engagement en septembre 1944
–> le trajet vers Belfort (Cornimont, Salins-les-Bains…)
(photos : R. Bernat)
Entraînement des commandos près de Belfort (photos ECPAD)