12 – Les Commandos de Provence

 

 

12Site N° 12

 

      Le débarquement sur les plages normandes à partir du 6 juin 1944 annonce la libération du pays. Mais la région de Belfort, elle, doit sa libération à la 1ère Armée Française.

 

 

 Le débarquement de Provence

Insigne des Commandos de Provence (Coll. privée : Jocelyn Cametti)

Insigne des Commandos de Provence (Coll. privée : Jocelyn Cametti)

                       Les commandos de Provence sont issus du 1er bataillon FFI (Forces françaises de l’intérieur) formé à Aix-en-Provence à partir du 20 août 1944. Composé d’anciens résistants, ce bataillon ne dispose à l’origine que d’un équipement sommaire, dépareillé et hétéroclite.

Mais enthousiasme et courage ne manquent pas comme en témoigne leur fière devise : « Tête haute ». Avec à leur tête le commandant de Courson de la Villeneuve, les commandos de Provence sont rattachés en septembre 1944 aux commandos d’Afrique du colonel Bouvet.

Après la prise du fort du Salbert dans la nuit du 19 au 20 novembre, « les Provence » reçoivent comme mission la libération de Valdoie. En étroite liaison avec les FFI du capitaine Heidet, les commandos de Provence atteignent leur objectif les 20 et 21 novembre avant de participer, le 22 novembre, aux meurtriers combats du bois d’Arsot.

La 1ère Armée Française

Carte de la libération de la Franche-Comté en 1944. (sources : Est Républicain)

            Formée en Afrique du Nord, l’Armée B, qui deviendra plus tard la Première Armée française, sous les ordres du maréchal de Lattre de Tassigny, a joué un rôle déterminant dans la Libération de la France au cours de la Seconde Guerre Mondiale.

Plaque sur le mur ouest de la citadelle de Belfort. (photo : R. Bernat)

            Le 16 août 1944, l’armée B débarque dans le sud de la France, derrière la 7ème Armée américaine du général Patch, qui a touché le sol français lors de l’opération Dragoon entre Cannes et Hyères. Elle est à plus de 80 % en grande partie composée de soldats de l’armée d’Afrique, 50 % de Maghrébins et de 32 % de Pieds Noirs. S’y rajoutent 8 % de Français de métropole Après le

débarquement, de Lattre s’empare de Marseille et de Toulon puis remonte la vallée du Rhône. Son unité prend Dijon et le 12 septembre 1944 elle rencontre en Bourgogne la 2ème DB de Leclerc qui vient de Normandie et se place sous le commandement de Lattre. Mais en fait la 2ème DB comme la 1ère DFL seront la plupart du temps en dehors de la chaîne de commandement de la 1ère Armée française.

            L’armée B est intégrée au 6ème groupe d’armée américaine mené par le général Devers et pour suivre les règles anglo-saxonnes qui assignent des numéros et non des lettres, elle est rebaptisée 1ère Armée française.

Dès lors, beaucoup de soldats coloniaux africains de la 1ère Armée commencent à être remplacés par des résistants FFI. C’est le « blanchiment » de l’automne 1944.  L’amalgame se réalise et près de 140 000 FFI servent sous de Lattre, avides de prendre une revanche sur les Allemands. Le but est également de montrer des Français libérant leur propre pays. La 1ère Armée progresse vers les Vosges, perce dans la trouée de Belfort pour contourner la poche allemande de Colmar.

Eisenhower commande à de Lattre de se retirer de Strasbourg et de l’Alsace, menacées par l’ennemi dans la poche de Colmar. De Lattre refuse puis  arrête la progression allemande après deux semaines de combats acharnés. Après  trois semaines épuisantes dans un froid glacial,  il parvient à éliminer la poche, l’une des dernières zones de France occupée.

 Peu après de Lattre esquive le plan américain qui prévoit que 1ère Armée suive la 7ème Armée américaine et il choisit son propre

Insigne de la 1èreArmée française devenue fin mars 1945, par la traversée du Rhin, l'Armée Rhin et Danube. (Source : Musée d’histoire de Belfort)

Insigne de la 1ère Armée française devenue fin mars 1945, par la traversée du Rhin, l’Armée Rhin et Danube.
(Source : Musées de Belfort)

itinéraire. La 1re armée comprend alors l’ensemble des forces armées françaises engagées en Allemagne sous commandement français, tandis que la 2e DB reste sous commandement américain. Le 30 mars, la Première Armée française franchit le Rhin ce qui lui vaut une appellation nouvelle : l’Armée Rhin et Danube. Elle s’empare, le 21 avril de Stuttgart, le 24 d’Ulm, elle traverse le Danube et atteint le lac de Constance.

            À l’automne 1944, elle compte environ 250 000 combattants répartis dans deux corps d’armée : le 1er commandé par le général Bethouart et le 2ème sous l’autorité du général de Monsabert. Elle se compose de cinq divisions d’infanterie, de trois divisions blindées, de quatre Groupements de Tabors Marocains, du Bataillon de Choc de Gambiez, du Groupe de commandos d’Afrique de Bouvet et du Groupe de commandos de France. Elle dispose également de seize groupes d’artillerie et de six régiments de tank destroyers.

           Malgré les disparités entre unités, c’est une excellente formation, qui  a accompli des exploits en Provence et surtout dans les Vosges, en Alsace et en Bade-Wurtemberg. Elle a fait plus de 250 000 prisonniers. En 8 mois et 23 jours, la Première Armée Française a parcouru 1500 km, de la Méditerranée à l’Autriche. Elle a libéré près d’un tiers de la France et a joué un rôle décisif pour s’assurer que la France, évincée de la guerre en 1940, puisse s’asseoir à la table des vainqueurs aux côtés des Alliés. D’ailleurs, sur instruction du général de Gaulle, de Lattre signe au nom de la France, l’acte de capitulation du IIIe Reich, à Berlin le 8 mai 1945. Les pertes de la 1ère armée depuis le débarquement de Provence en août 1944 jusqu’à mai 1945 sont estimées par le maréchal de Lattre de Tassigny à 13 874 tués soit un taux de tués de 5,33 %, les unités les plus éprouvées étant les régiments de tirailleurs.  À titre de comparaison, le taux de tués, sur la durée de la guerre, pour les armées britanniques s’élève à 5,2 % et celui des armées américaines à 2,5 %.

l’Hôtel de ville de Giromagny. (photo : R. Bernat)

La 1ère Armée Française. Plaque en hommage à la 1ère Armée française sur la façade de l’Hôtel de ville de Giromagny. (photo : R. Bernat)

 

De Lattre de Tassigny (1889-1952)

                      Jean de Lattre de Tassigny est chef d’état-major de la 5ème armée en 1940 au moment de la débâcle. Il parvient à maintenir une certaine cohésion dans le chaos général. Après l’armistice, il reste fidèle au régime de Vichy jusqu’en 1942, où il s’oppose aux Allemands quand ceux-ci envahissent la zone non-occupée. Emprisonné  en 1943, il parvient à s’échapper et à rallier le général de Gaulle. De Lattre prend la tête de l’armée de résistance B et participe activement au débarquement en Provence comme organisateur, il remonte ensuite la vallée de Rhône à la tête de la 1ère armée et pousse jusqu’en Alsace. Ce général  participe ensuite à la campagne du Danube. Le 8 mai 1945 il représente la France à la signature de la capitulation allemande à Berlin. Après la guerre, il effectue des missions diplomatiques et prend le commandement du corps expéditionnaire français en Indochine.

Reportage sur la libération de Belfort en automne 1944 illustré par des images du service cinématographique des armées. Journal télévisé FR3 Franche-Comté, 1989. (sources : INA)

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