16 – Le pont Carnot

 

 

Site N° 1616

 

      Conserver ou faire sauter les ponts s’avère essentiel dans la stratégie de reconquête. Il faudra bien remplacer après-guerre ceux qui ont été détruits. Les éléments du port Mulberry d’Arromanches vont rendre service.

 

 

Edmond Auguié à Belfort

                      Lors de la Seconde Guerre mondiale, les ponts jouent un rôle considérable : les faire sauter permet de ralentir l’ennemi, les garantir d’assurer le passage et l’arrivée des libérateurs. En novembre 1944 à Belfort, les Allemands ont miné les ponts. Le 20 novembre 1944, Edmond Auguié, FFI, accomplit une action remarquable, sous les balles allemandes, il désamorce les bombes des ponts Carnot et Clémenceau de Belfort au moment de l’arrivée des chars alliés.

                     

Carte de combattant d'Edmond Auguié. (Source : Exposition Nationale 83, Musée d'Histoire de Belfort).

Carte de combattant d’Edmond Auguié. (Source : Exposition « RN 83, des objets au service de la libération de Belfort », Musée d’Histoire de Belfort).

Edmond Auguié, simple artisan tapissier de Belfort, participe à la guerre en 1940. Caporal-chef et enfin maréchal des logis, fait prisonnier à Donau-Eschingen il s’en évade  en juillet 1940 avec quatre autres camarades. Arrivé chez lui, il reprend son atelier sous une fausse identité et s’engage dans la Résistance. Auguié rejoint le groupe Front National de Jules Heidet. Il distribue sous le manteau des journaux résistants et  réceptionne des parachutages. Il adopte le pseudonyme de Jean Darcy, un soir il est arrêté puis relâché par la Gestapo qui traque « les terroristes ».

Le couteau d’Edmond Auguié qui a servi à désamorcer le minage des ponts de Belfort. (Source : Exposition « RN 83, des objets au service de la libération de Belfort », Musée d’Histoire de Belfort).

                    Le 20 novembre 1944 lorsque les premiers chars français arrivent par l’avenue Jean Jaurès, Auguié, qui a sa planque rue du Tramway, va à la rencontre des hommes qui sont dans le premier blindé pour le guider. Il leur annonce qu’ils devront traverser des ponts pour entrer au centre de la ville. Il sait où se trouvent les nids de mitrailleuses ennemies et comment les ponts sont minés. Il prend donc les devants et guide les chars. Arrivé place de l’Esplanade, le char tire un obus pour faire fuir les Allemands.

                    Dans la rue du pont Clémenceau, Edmond Auguié abat une sentinelle allemande qui se trouve de l’autre côté. Libre d’agir,

il enjambe le parapet et sectionne les fils de la mine côté gauche du pont puis il coupe ceux de la boîte d’amorçage qu’il détruit complètement à coups de pieds. Il fait alors signe au char d’avancer. Puis il récidive au pont Carnot.

    Un grand nombre de civils, de FFI et autres se dévouent ainsi, au péril de leurs vies. Ils demeurent presque tous anonymes. Cependant, on peut dire que la libération de Belfort ne se serait peut-être pas déroulée de la même manière sans le courage et la témérité d’Edmond Auguié.

 

 

Le pont Michelet à Belfort

 

 

 

Les ponts d’Arromanches dans la région :

                      Pour pouvoir réaliser le débarquement en Normandie, les Américains ont dû installer des ports artificiels afin d’accueillir l’armada des « Liberty ships » (bateaux américains) quotidiennement. Pour ce faire, à Arromanches, ils réalisent l’opération Mulberry, conception d’un port artificiel composé principalement de brise-lames, de quais de débarquement, de caissons et de jetées flottantes. Fabriqués en pièces détachées en Grande – Bretagne, assemblés pour le port artificiel d’Arromanches et capables de supporter des véhicules lourds, ces ponts servent de rampes de débarquement. 

                    Ils sont démontés à la fin de la Seconde Guerre mondiale, puis vendus par l’armée américaine. Après la guerre, environ 180 ponts de ce type ont été édifiés un peu partout en France pour remplacer, dans l’urgence, les ouvrages détruits. Une dizaine de ponts d’Arromanches subsistent aujourd’hui en France, dont deux dans le Territoire de Belfort : à Chaux et à Foussemagne.

                   Celui de Chaux est remonté sur la Savoureuse en 1955 en remplacement du pont Saint – Marcoux, détruit par les Allemands pendant le conflit. Il est mis en place par les Ateliers de construction mécanique d’Héricourt, avec l’aide de deux grues de dix tonnes des usines Peugeot et sur une maçonnerie de l’entreprise Bonato.

                 Celui de Foussemagne, mis en place en 1952, franchit la rivière Saint Nicolas et remplace l’ancien pont de pierres dynamité en novembre 1944 lors de la retraite allemande.

 

A Foussemagne (photos L. Grennepois)

 

 

A Chaux (photos R. Bernat)

 

 


Rappel à travers des images d’archives du débarquement et en particulier du pont artificiel d’Arromanches. (sources : INA)

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