32 – Les résistants de l’Arsot

 

 

Site N° 3232

 

       De jeunes résistants intrépides sont avides d’action. Leurs faits d’armes, leurs actions d’éclat aideront les armées de la libération.

Extrait du registre de Victor Heidet.

Extrait du registre de Victor Heidet.

 

 

 

 

 

 

Vol d’armes par les jeunes de l’Arsot. (témoignages d’Arlette Fougeront, fille de Victor et Anna Heidet)- 2015.

 

 

Les passages en Suisse

Extrait du registre de Victor Heidet concernant E. Novier et V. François

Extrait du registre de Victor Heidet concernant E. Novier et V. François

Extrait du registre de Victor Heidet concernant Olga Sassi.

Extrait du registre de Victor Heidet concernant Olga Sassi.

 

 

 

 

 

 

 

 

                        Alors que la France est découpée en zones plus ou moins étanches, et qu’un certain nombre de ressortissants français ou étrangers sont en danger, la proximité de la Suisse a été pour eux une issue de secours. La frontière suisse a été aussi, à partir de 1942, une porte de secours inespérée pour les Juifs pourchassés en France ou dans l’Europe occupée. Résistants, membres de réseaux, aviateurs abattus en France et recherchés ont pu franchir la frontière guidés par des hommes et des femmes connaissant bien les différents passages.  La région de Delle, frontalière de la Suisse, attire nombre de ces fugitifs. Les passages seront particulièrement nombreux durant l’été et l’automne 1944. Cette activité éminemment dangereuse s’est souvent faite sous le couvert de la contrebande de tabac, sévèrement rationné en France. Elle a été aussi possible car les passeurs ont bénéficié de complicités, de nombreuses maisons-relais permettant d’attendre le moment le plus opportun.

2 bis rue Denfert-Rochereau à Belfort, siège clandestin du réseau César Buckmaster. (photo : R. Bernat)

Plaque en mémoire du siège clandestin du réseau César Buckmaster, rue Denfert-Rochereau à Belfort. (photo : R. Bernat)

                      Le corps franc de Grandvillars, compte une douzaine de  membres en 1943 souvent très jeunes. Le passage de la frontière s’effectue la nuit, il fait passer plus d’une centaine d’aviateurs anglais abattus. En  1943, le groupe récupère l’officier anglais Harry Ree que le SOE avait parachuté dans la région pour coordonner l’action des maquis locaux. Blessé, il était réfugié au château Vieillard à Méziré. Le groupe de Grandvillars l’amène clandestinement à Delle puis en Suisse. C’est également dans le secteur de Delle que le groupe de passeurs de Grandvillars fait entrer en France, en mars 1944, Guillain de Bénouville, un des dirigeants du mouvement Combat. Parmi les passeurs de ce groupe, Robert Della Santa sauve la vie à bien des personnes.

                      Ces passeurs prennent des risques considérables, des imprudences ou des dénonciations provoquent parfois leur arrestation, leur déportation voire leur exécution. C’est le cas à Grandvillars avec les membres du réseau de résistance de la Poste organisé autour d’Auguste Graillot. Ce receveur principal de la Poste est arrêté par la Gestapo de Delle le 13 octobre 1944, déporté à Dachau puis à Auschwitz, il mourra à Buchenwald en février 1945. Comme lui, d’autres résistants de Grandvillars ne sont pas revenus des camps (René Quelos, Georges Cottet, Bernard Guyot, les abbés Lucine Bailly et François Pelot)

 

Le sabotage des dépôts d’explosifs de Chèvremont

Matériel de résistants, mise en scène. (Source : Musée d'histoire de Belfort.)

Matériel de résistants, mise en scène. (Source : Musées de Belfort.)

                Dans la nuit du 15 au 16 septembre 1944, le plus important sabotage effectué dans le Territoire de Belfort détruit 150 tonnes de munitions allemandes. Il est réalisé par deux résistants de Chèvremont, Pol Toussaint, du groupe Lorraine, sergent de la 6ème compagnie du groupement Est des FFI du Territoire de Belfort et par le responsable de la compagnie, son chef, le lieutenant Joseph Strnad. Les deux hommes, Pol le cheminot et Joseph l’ancien légionnaire avaient déjà entrepris ensemble plusieurs coups d’éclat comme de multiples sabotages de la ligne de chemin de fer Mulhouse-Belfort ainsi que la destruction de lignes téléphoniques.

Photo 188

Ensemble d’explosifs avec kit de mise à feu. (Collection privée. Exposition « Nationale 83, des objets au service de la libération de Belfort ». Musées de Belfort)

                   Ce jour-là, vers 21 h à la nuit tombée, les deux hommes transportent cinq kilos de plastique soigneusement emballés dans des filets munis d’un crochet de fer. Ils se dirigent en se cachant vers la clairière du « Moulin des Bois » entre Frais et Bessoncourt, le long de la RN 19. Les Allemands de la 11ème Panzer-Division qui défendent la trouée de Belfort y ont installé deux dépôts de munitions, l’un de cinquante tonnes destiné à l’infanterie, l’autre distant d’une centaine de mètres de cent tonnes pour l’artillerie. Ils sont protégés  par trois rangées de barbelés et par une surveillance constante de soldats allemands. Pol Toussaint et Joseph Strnad qui ont procédé à des repérages le jour même agissent sans consigne précise de la hiérarchie combattante. Pour chacun des deux dépôts, ils laissent passer les sentinelles, rampent sous les barbelés, accrochent les sacs d’explosifs et allument la mèche. Puis ils détalent à toute allure à travers la forêt mais sont plaqués au sol pour deux terribles explosions. Le spectacle est dantesque, la forêt est en feu, les caisses pleine d’obus leur passent au-dessus de la tête avant d’éclater en un gigantesque feu d’artifice visible à des kilomètres à la ronde. Trente-cinq soldats allemands trouvent la mort dans l’explosion et l’incendie des deux dépôts.

 Posted by at 16 h 55 min