18 – « Le château »

 

 

Site N°1818

 

         Durant les journées des 20 et 21 novembre les combats ont été acharnés et meurtriers pour la libération de Valdoie. Cinq français y ont perdu la vie. La frayeur a été forte pour des civils quelques fois en position d’otages.

Photo aérienne (Fonds privé Bernard Frezé)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les combats à Valdoie (Témoignage de Pierre Masson, ancien commando de Provence, libérateur de Valdoie) – 2015

 

La journée du 20 novembre

                Le 20 novembre, première journée de la libération de Valdoie  se déroule en quatre temps essentiellement rive droite de la Savoureuse.

D’abord, il y a la descente du Salbert et l’attaque de l’usine Socolest.

                A 7h du matin le premier commando des Provence dévale à toute allure le flanc est du Salbert. Avant de sortir de la forêt, les dernières consignes sont données par le capitaine Mison. La section du lieutenant Jeannin attaquera en premier, avec pour objectif, l’usine Socolest. Le groupe du sergent Veniou entre dans l’usine Socolest. Des Allemands y sont installés. Ils sont surpris et affolés par l’arrivée inopinée des commandos. Ceux-ci  lâchent leurs rafales et les hommes de la Wehrmacht sont rapidement mis hors d’état de nuire.
Malheureusement, un Allemand, qui a échappé à la fusillade, tire et tue Pierre Kammerlocher, le jeune FFI belfortain qui guidait l’assaut de la section.

 

Ensuite, il y a l’approche et l’assaut vers la Savoureuse.
               Le sergent Viniou arrive au bord de la Savoureuse. A sa gauche, deux canons allemands pointent leurs tubes en direction du Salbert. Veniou et ses cinq compagnons rampent le nez dans les herbes, puis brutalement déclenchent un feu nourri, accompagné d’un lâcher de grenades. Trois artilleurs allemands sont tués, les autres s’enfuient en courant et franchissent la Savoureuse. Veniou et ses hommes se lancent à leur poursuite. Ils sont stoppés par un feu nourri. Le lieutenant Jeannin leur ordonne de se replier. Marino Sassi, le jeune FFI qui leur transmet la consigne est frappé par une balle en pleine poitrine. Viniou et ses hommes se replient par les jardins et retrouvent le capitaine Mison et le lieutenant Orsini qui ont fini de nettoyé l’usine Socolest.

 

Dans l’après-midi, l’assaut du château.
              A midi environ le capitaine Mison accompagné des sections Orsini et Loniewski descend la rue de la gare, direction la place de la mairie. Elle est déserte mais un jeune résistant prévient le capitaine que les Allemands ont installé leur P.C dans la vaste bâtisse surnommée « le château ».  Il rajoute qu’il y a des civils français otages. Mison décide alors de demander  des renforts au P.C du bataillon installé dans la gare de Valdoie. La réponse du commandant de Courson est négative, la situation critique à Cravanche ne permet pas de libérer des hommes. Le maire Oscar Ehret dissuade les militaires d’incendier le bâtiment. Mison redescend vers ses hommes. Pendant son absence, ceux-ci ont tenté par trois fois d’investir en vain le château puisque les Allemands sont barricadés dans les caves. Vers 16h30 des bruits de moteur se font entendre, ce sont les Allemands qui contre-attaquent. Deux blindés, des autos-canons prennent sous leur feu la rue de la gare et la place de la mairie. Le colonel allemand réfugié dans le château fait sortir rapidement ses hommes.  Ils sautent sur le blindé qui s’est arrêté à proximité et fuient vers la rive gauche  de la Savoureuse. Les sept otages français sont libérés, parmi eux le jeune instituteur Paul Kiffel et sa famille.

 

La destruction du pont :
              L’importance statégique du pont de Valdoie n’est pas à démontrer. Passage privilégié sur la Savoureuse au nord de Belfort, il donne accès à toute la haute vallée de la rivière et il ouvre également la route de l’Alsace.
Le pont est donc un des objectifs majeurs définis dans le plan d’attaque et son investissement est confié aux commandos.
Mais les Allemands ont miné le pont de Valdoie. Les FFI du capitaine Heidet de  Valdoie essaient à tout prix d’empêcher l’explosion de l’ouvrage. Le lieutenant Ritty assure la sécurité du pont équipé d’un fusil-mitrailleur.
Mais à 16h 45, quand les Allemands quittent la place de la mairie, les résistants doivent décrocher et évacuer les abords du pont. Les Allemands qui sont désormais réfugiés sur la rive gauche protègent leur retraite en faisant sauter le pont.

 

La journée du 21 novembre

                    Le 21 novembre 1944 à 9h du matin, les  Provence repartent à l’assaut avec cette fois-ci la rive gauche pour objectif.  Il faut s’assurer de la rue de Turenne jusqu’à la sortie nord de la commune en direction de Serrmamagny.

A la tête des opérations, le capitaine André Nallet avec deux sections, celle des lieutenants Oreille et Le Cariou. De la rue du premier mai, les hommes passent dans la rue de la gare puis traversent la Savoureuse sur la passerelle Alexandre. Ils sont aussitôt cloués au sol par des tirs violents venus des environs de l’église. Le capitaine Nallet, toujours à la tête de ses hommes, s’élance sur la petite place située à l’entrée de l’usine Samica.  Il est fauché par une rafale et a juste le temps de donner ses derniers ordres : « Foncez… pas de quartier !».

Galvanisés, l’arme à la hanche, les « Provence » foncent en direction de l’église puis traversent la rue de Turenne. Les Allemands se sauvent par le cimetière où le sergent Ménager abat les deux derniers fugitifs.

Derrière les commandos, les blindés du régiment de marche de la Légion achèvent le travail pendant que les sections des lieutenants Loniewski et Lesca « nettoient » les maisons jusqu’au carrefour de la route d’Eloie. Les Allemands se sont repliés sur la forêt de l’Arsot et au soir du 21 novembre, les commandos de Provence ont atteint leur objectif : Valdoie est libérée.

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