26 – Georges Dollfus

 

 

Site N° 2626

 

 

            Le président du Comité Départemental de Libération, Henri Chaignot organise avec l’aide du Préfet Laumet, une mission de rapatriement de prisonniers belfortains au camp de Dachau. 48 déportés belfortains et comtois sont ramenés mais certains, hélas, manquent à l’appel.

 

 L’usine Dollfus Noak de Valdoie

                       En 1899 les industriels alsaciens Hermann Noak et Edouard Dollfus, son beau-frère déjà propriétaires d’une usine à Sausheim, près de Mulhouse, installent à Valdoie une usine textile. Cette fabrique, située entre Savoureuse et Rosemontoise est une filature de laine cardée, de tissage et teinture. C’est une affaire largement familiale et l’usine de Valdoie va prospérer sous le triumvirat de la nouvelle génération d’ingénieurs : Emile Marchegay gendre d’Hermann Noak, Georges et Pierre Dollfus, fils d’Edouard. L’usine s’agrandit et se modernise à plusieurs reprises. La machine à vapeur qui fonctionnait depuis l’ouverture est remplacée après 1945 par un gros moteur électrique. En 1949, on procède aux essais des premières fibres synthétiques. En 1960, les usines de Sausheim et Valdoie fusionnent. A cette date 358 employés travaillent chez Dollfus-Noak à Valdoie, ce chiffre baissera à 292 en 1970, 113 en 1980. Elle s’arrête en 1988 après 90 ans de fonctionnement.

(Paul. F Specklin : « La fibre du feutre. »)

(Paul.F Specklin : « La fibre du feutre. »)

(Fonds privé Claude Gillet.)

(Fonds privé Claude Gillet.)

Carré militaire au cimetière de Valdoie (photo : R. Bernat)

Plaque à la Chambre de Commerce de Belfort. (photo : R. Bernat)

 

Le camp de Dachau

                         Ce camp de concentration est le premier ouvert, le 22 mars 1933. Il se trouve non loin de Munich, en Allemagne du sud. En premier lieu, il « accueillait » des opposants politiques puis d’autres personnes comme des Juifs, des Tsiganes ou des homosexuels. Il y eut beaucoup de prisonniers chrétiens ou de prêtres. Le camp de Dachau a fait un peu moins de 32 000 victimes. A la Environ 6000 français ont été détenus à Dachau. Le premier convoi de Français arrivé à Dachau date de juin 1944. Lors de la libération, des soldats américains ont massacré beaucoup de SS encore présents.

(photos : ADTB)

                                 Le chant des marais

 

                        « Le chant des marais » est le plus connu des chants nés dans le système concentrationnaire nazi. Il est devenu le chant international des déportés. Il existerait une trentaine de versions avec des variantes dans les paroles et les adaptations musicales. En France, « Le chant des marais » est fréquemment associé au « Chant des Partisans » et à « La Marseillaise » lors des commémorations. L’interprétation musicale se fait sur un rythme assez lent, une tonalité plutôt triste, avant un emballement en crescendo sur le couplet et le refrain final.

                       Ce chant a été écrit à  Börgermoor dans un des premiers camps de concentration situés en Allemagne,  tout près de la mer du nord et de la frontière avec les Pays-Bas. Le camp de Börgermoor a été ouvert en 1933, autour du petit fleuve Ems, dans une région marécageuse. Le travail au camp consiste à creuser des fossés pour drainer et assécher les marécages, avec seulement des outils manuels : pelles, pioches, bêches. Le tout sous une discipline de fer, destinée à briser les détenus, assurée alors par les SA. Intitulé  en français « chant des Marais », il traduit la plainte des antifascistes et des Juifs, premiers internés dans ces camps.

                      La chanson est chantée pour la 1ère fois en public, le 27 août 1933. La musique et les chants font partie du quotidien des détenus des camps, puisque les gardiens les obligent à chanter lorsqu’ils partent au travail, et lors des appels. En août 1933, suite à des violences répétées, quelques détenus de Börgermoor décident de composer leur propre chant. Les auteurs de la chanson sont trois détenus arrêtés car adhérents du KPD, le parti communiste allemand. Mis au repos à l’infirmerie, ayant récupéré une guitare, Johann Esser (1896-1971), mineur de la Ruhr, en compose les paroles. Elles  sont retravaillées par Wolfgang Langhoff (1901-1966), homme de théâtre engagé et la musique est de Rudi Goguel( 1908-1976). Après répétition dans les lavabos de la baraque 8, la chanson est chantée lors d’un moment récréatif accordé par la direction du camp aux détenus. Le chant est interdit deux jours plus tard par le commandant du camp, et le restera dans les camps nazis jusqu’à leur chute.

                   Le chant est recopié clandestinement et popularisé par les détenus qui sont transférés d’un camp à l’autre ou libérés. La chanson paraît le 8 mars 1935 dans AIZ, le journal clandestin du parti communiste allemand. Le chant des marais est repris, adapté, décliné sous différentes versions à l’intérieur du système concentrationnaire nazi.

 

 


(sources : Youtube)
 

Paroles :

 

Loin dans l’infini s’étendent

Les grands prés marécageux.

Pas un seul oiseau ne chante

Dans les arbres secs et creux.

 

O terre de détresse

Où nous devons sans cesse

Piocher, piocher !

 

Dans ce camp morne et sauvage

Entouré de murs de fer

Il nous semble vivre en cage,

Au milieu d’un grand désert.

 

Bruits de chaînes, bruits des armes

Sentinelles jour et nuit

Des cris, des pleurs et des larmes,

La mort pour celui qui fuit.

 

Mais un jour, dans notre vie,

Le printemps refleurira.

Libre, alors ô ma Patrie,

Je dirai : tu es à moi !

 

O terre d’allégresse

Où nous pourrons sans cesse

Aimer, aimer !

 

 

La mission de rapatriement des Belfortains prisonniers à Dachau

Le retour des déportés à la gare de Belfort. (Témoignage de Mme Fougeront, fille de Victor et Anna Heidet)- 2015
                 

 

                         Le 29 avril 1945, le camp de concentration de Dachau est libéré par les troupes américaines. Mais en raison du risque de contagion lié au typhus, les autorités militaires interdisent toute libération immédiate des prisonniers.  Cependant début mai, des prisonniers francs-comtois de Besançon parviennent à s’échapper et témoignent de l’horreur vécue. Mme Marchand de la Croix Rouge bisontine décide alors d’organiser une mission de rapatriement à Dachau. Les premiers belfortains sont de retour le 14 mai mais tous ne sont pas là. Le 16 mai, Henri Chaignot, président du Comité Départemental de Libération(CDL), interpellé et choqué par un article du journal l’Alsace, décide de monter une expédition vers le camp de Dachau pour ramener les derniers Belfortains. Le 18 mai le préfet Laumet lui accorde l’ordre de mission et la réquisition de deux autocars.

                     Le samedi 19 mai 1945 le convoi part de Belfort pour Dachau où il arrive le lendemain en fin de journée.  Parmi les membres de l’expédition il y a le docteur Braun qui réalisera un reportage photographique de 110 clichés. Ce médecin des FFI du Territoire de Belfort, vice-président du CDL, espère y retrouver son fils Bernard.

                   Le 21 mai, les membres de la mission recherchent dans le camp les derniers Belfortains et Comtois déportés. Mais le camp est presque vide, la grande majorité des prisonnier a déjà été rapatriée car voilà déjà trois semaines que le camp de Dachau a été libéré. Le 23 mai, les autorités américaines qui administrent le camp donnent l’autorisation de rapatriement. 48 prisonniers sont ramenés. Ils n’arriveront que le 28 mai à Belfort car avant de quitter l’Allemagne, ils ont été examinés par le service de santé de l’armée française lors d’un séjour près du  lac de Constance.

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